Souvenirs de la Vallée des Toilettes pas Flushées

Je débouche beaucoup de toilettes, ces jours-cis.

Je ne sais pas si c'est la haute saison des crues, le positionnement lunaire qui cause des marées de salle de bain, ou l'hiver qui modifie la composition moléculaire de l'eau souillée de déjections humaines, mais les occasions d'utiliser ma toute nouvelle ventouse, récemment achetée au Rona du Village, se multiplient.

J'ai presque envie d'appeler Ron Jeremy, le plombier.

Ce qui me rappelle de drôles d'aventures vécues au bureau récemment. Pour des raisons sur lesquelles je n'ai pas enquêté, les administrateurs de l'immeuble dans lequel je travaille coupent régulièrement l'alimentation en eau potable pour "effectuer des travaux". Ces coupures ont toujours lieu pendant qu'il y a des gens qui travaillent, et jamais en dehors des heures d'ouverture.

Alors qu'habituellement les employés d'un bureau se contentent d'utiliser les facilités sanitaires pour uriner, au fil des habitudes certains prennent leur aise et oublient de plus en plus une règle d'étiquette assez simple : la gestion intestinale. D'où le concert de borborygmes multiples et les odeurs inquiétantes qui flottent constamment dans l'atmosphère à chacune de mes visites dans cette "salle". Le trafic pour ce genre de besoin physiologique est assez sporadique, le rythme inconstant, mais dès qu'une coupure d'eau est annoncée, l'effet est immédiat : tout le monde a envie de chier.

On a donc droit, à cette occasion, au triste spectacle des cuvettes profanées, remplies à ras bord du fruit du labeur de nos vaillants bureaucrates qui n'y vont pas de main morte sur le café. Question de timing, je suppose. Ou suggestion collective qui sert de rappel à des individus normalement trop absorbés par leurs tâches pour penser à des fonctions corporelles primaires ?

On ne le saura jamais, et je crois que je préfère ça à un diplôme de bio-comportementalité intestinale.