A closer look at the pornography of existence

Friday, May 26, 2006

Nourriture Rapide & Lecture Lente

En fouillant dans mes bibliothèques aujourd'hui à la recherche du Temps Perdu de Proust - projet de lecture sans cesse remis aux calendes grecques - je suis tombé sur divers Moravia, Modiano, Gide, et j'ai finalement localisé mes deux tomes de L'IDIOT de Dostoïevski.  Lecture d'été ?  Je n'en suis pas certain, mais comme l'été est la seule saison où je ne suis pas accablé par des lectures universitaires obligatoires, c'est une période rêvée pour me lancer moi-même quelques briques par la tête.



Parmi mes lectures projetées, donc, figurent les ILLUSIONS PERDUES et SPLENDEUR ET MISERE DES COURTISANES de Balzac, L'IDIOT de Dostoïevski (les deux volumes de GUERRE ET PAIX de son compatriote Tolstoï m'attendent depuis toujours sur mon étagère, mais me font un peu peur) et finalement, LES NUS ET LES MORTS de Mailer.

Vous me connaissez, cependant : je risque de changer d'idée 100 fois en cours de route.

Lorsque l'on est occupé à lire, le seul problème peut être que l'on n'a pas le temps d'écrire.  Ou que, si on rédige quand même, on est influencé par ce qu'on lit.  Sans parler des divers magazines (la plupart hebdomadaires) que j'accumule.  La lecture peut-elle être une occupation à temps plein ?

J'aimerais bien que l'on me crée une subvention ou un fond de pension qui me permettrait de prendre ma retraite l'an prochain, et d'entâmer une longue et fructueuse carrière de lecteur professionnel.  Mes quartiers seraient établis dans un endroit calme, coupé du monde, où je lirais sans interruption de 9 à 5, pour ensuite revenir sur terre et me consacrer à des tâches plus terrestres.

J'ai toujours apprécié des "liseux" une qualité exceptionnellement rare de nos jours : leur silence.  En cette ère d'agression sonore constante et de déficit d'attention extrême, où tout le monde marche et respire l'oreille collée à un téléphone cellulaire pour démultiplier les conversations stériles, il est devenu rare de croiser quelqu'un qui ne produit aucun décibel en public.

Lecteur silencieux, je te salue.

*

Une conversation avec Caron nous a fait communément élaborer une théorie sur l'alimentation.  Nous avons remarqué, au fil de nos élucubrations, que nous avions tous les deux été littéralement "élevés" au junk food.  Mes parents m'amenaient chez A&W pratiquement une fois par semaine, à l'époque où leur succursale de la 5e rue, à Shawinigan, disposait encore d'un juke-box personnel à chaque table et où les Mozza Burgers étaient servis dans des paniers en osier, aux tables.



Ronald McDonald était aussi un bon ami, avec le lot de "surprises" qu'implique un repas chez lui.  Je me suis donc habitué à l'absorbtion rapide du Big Mac dès mon plus jeune âge.

Un peu plus tard, à l'école secondaire, quand j'éprouvais des troubles "comportementaux", mon travailleur social récompensait mes efforts par des repas au A&W et m'a fait lui promettre quand quand je serais "établi", avec une "vraie job", ça serait mon tour de lui payer la traite.  Je suis désolé de l'écrire, Alain, mais ça n'est pas pour demain matin !

Notre théorie, donc, suppose grossièrement que les individus ayant été gavés de "fast food" dans leur jeunesse n'éprouvent pas le besoin subconscient de se "venger", une fois leur indépendance économique acquise, en se nourissant comme des otaries sur le crack.  Et que ceux qui en ont été privés, au contraire, sont davantage sujets à une mauvaise alimentation, en raison d'une incontrôlable entreprise de "ratrappage" de ces délices entrevus, mais qui ne leur ont jamais été accessibles.

Remarquez que les Burger King et autres Valentine sont aussi pleins de familles qui se transmettent le gène du gras de père en fils, et qu'une éducation alimentaire familiale fait son effet au rayon des mauvaises habitudes.  Mais la poursuite de ces habitudes, au sein d'une société hypermédiatisée où on nous met au courant de tous les dangers imaginables sur tous les tons et via tous les médiums, ressemble beaucoup à l'obstination des fumeurs qui se brûlent les poumons malgré les horribles photos qui ornent leurs paquets de cigarettes.  On peut tenter de contrôler les restaurateurs et de diffuser l'information aux dévoreurs, mais il restera toujours le facteur humain qui nous pousse souvent à soupeser nos choix d'une façon tout à fait informée, puis à prendre la décision la plus abominable qui soit, celle qui aura les conséquences les plus désastreuses sur notre santé, en toute connaissance de cause.

Pourquoi ?  Parce que.

*

Avez-vous remarqué que je deviens légèrement nostalgique les vendredis ?

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