Trois livres que je lis et un film que j'ai vu
J'ai finalement terminé Trois jours chez ma mère de François Weyergans. Comme je suis persona non grata dans les bibliothèques de Montréal en raison d'une exorbitante collection de frais de retard, ma bonne amie Caron l'a emprunté et me l'a laissé quelques temps. Je devais théoriquement le lui remettre le plus rapidement possible mais je me suis perdu dans le fil des jours et je me suis retrouvé les quatre fers en l'air après m'être pris les pieds dans les fleurs du tapis en croyant que je les avais, les deux, dans le même plat.
On se retrouve rapidement pris de court devant la nonchalance de François Weyergraf, le narrateur du bouquin en question, qui n'est nul autre que le double de l'auteur. Comme chez Modiano, beaucoup de souvenirs sont évoqués, et il est souvent difficile de faire la part des choses et de distinguer la fiction du réel. Ils sont si adroitement entremêlés que c'en est presque étourdissant. On ne tombe pas ici dans l'auto-fiction, ou la pornographie biographique d'une Catherine Millet ou d'une Nelly Arcan; c'est de littérature que l'on parle ici.
Weyergraf est un personnage attachant, et nombre de ses préoccupations qui pourraient de prime abord sembler futiles sont partagées par ses lecteurs; sa compulsion de collectionneur de l'inutile, sur laquelle il élabore dans La démence du boxeur; son observation appréciative constante des créatures féminines qui l'entourent; et son sens de l'humour, unique, inattendu.
C'est un loser magnifique, sans le pathétique, avec le raffinement en plus. Et un magnifique hommage à sa mère - on se demande longtemps pourquoi le livre est ainsi titré, mais tout prendra son plein sens avec les pages qui tournent, ne vous en faites pas.
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Steve Proulx, le monsieur qui s'occupe de la chronique "Médias" du prestigieux hebdomadaire Voir, a déjà publié un essai, "Boycott", en 2003, ce que j'ignorais complètement. J'ignorais donc qu'il avait aussi publié en 2005 un livre sur le Parc Belmont, parc d'attractions de Cartierville aujourd'hui disparu, dont je n'avais jamais entendu parler, pour faire changement. Décidément...
Le livre semble être une histoire détaillée de l'ouverture du Parc (1923) à sa fermeture en 1983. Fascinant car disparu, et convoité parce qu'impossible à atteindre. Je vous en donnerai des nouvelles une fois que je l'aurai terminé, mais je peux vous garantir que ça ne sera pas trop long, parce que c'est dianlement intéressant !
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J'ai toujours eu un faible pour les articles de Malcolm Gladwell parus régulièrement dans l'hebdomadaire extraordinaire The New Yorker. Je n'ai pas encore eu le temps de lire son dernier sur Cesar Milan, paru la semaine dernière, mais je me ratrappe en lisant The Tipping Point, son premier bouquin, dont les Roots s'inspirèrent pour baptiser un de leurs albums.
Il est fort amusant que j'aie dû commander ce livre afin de pouvoir l'acheter, car c'est un "essentiel". Gladwell explore le phénomène du "tipping point", un moment en marketing où un produit ou une idée atteint une popularité jamais vue. Avec des exemples apparemment banals comme les souliers Hush Puppies ou l'émission Sesame Street, il nous explique les causes du "tip", les différents profils psychologiques des acteurs qui y contribuent, et le tout est rédigé dans une prose aérée, simple et prenante.
Gladwell est un vulgarisateur extraordinaire, et s'il n'était pas si chrétien et frisé, il compterait sans doute parmi mes idoles.
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Cédric Klapisch est un réalisateur "intéressant". Je l'ai connu avec une projection de UN AIR DE FAMILLE au Ciné-Club ayant lieu dans le défunt cinéma Cartier de Shawinigan - qui a brûlé depuis. Il était bien entendu difficile, en tant que jeunot impressionnable, de déceler le machisme méprisant dont baigne toute son oeuvre, au même titre que celle d'un Étienne Châtillez.
On restait un peu dubitatif devant son PEUT-ETRE et sa vision romantique du futur de Paris, mais on reste de marbre devant sa testostérone étalée au grand jour dans NI POUR, NI CONTRE (BIEN AU CONTRAIRE). Un titre typiquement franchouillard qui dissimule une glorification un peu bête des mauvais garçons, ou alors une morale un peu lourde, on n'a pas bien compris.
Un bellâtre (Vincent Elbaz) tombe par hasard sur une caméra-girl (Marie Gillain) alors qu'il doit filmer un braquage qu'il s'apprête à faire. Il l'engage donc à la va-vite et l'amène avec lui et ses potes. Elle fait bien son boulot, et ils décident de la garder avec eux. Ils sont quatre, ils sont violents, irrespectueux, simplets et machos : le gangster de bas étage standart, tel que dépeint récemment dans le décevant A LA PETITE SEMAINE de Sam Karman. La petite est un peu amoureuse du Elbaz, et s'enfonce dans son univers criminel typiquement mâle : braquages, saouleries avec des putes, soirées passées dans un "cabaret" parisien avec danseuses semi-nues de rigueur.
Quand des gestes de violence - minimes, certes, mais là n'est pas la question - sont banalisés, voire glorifiés ou passent pour ne faire qu'un avec l'attirance sexuelle qu'est supposée ressentir une femme pour un "mauvais garçon", et que le cinéma populaire français en pisse des lames de rasoir à pleins camions, ça devient embêtant. Et Klapisch est bien mal parti.
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Pas de New Yorker pour moi cette semaine. C'est la première fois que je rompt la tradition depuis plus d'un an et demie. Il me reste très exactement 3.14$ dans mon compte en banque et je bénis d'avance le moment où, mercredi soir, ma paye sera déposée dans mon compte.
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