A closer look at the pornography of existence

Saturday, January 27, 2007

Caquetages Polyphoniques

Il peut devenir difficile de se concentrer, au bureau, par un beau samedi ensoleillé, quand les quelques employés présents sur les lieux s'imaginent qu'ils sont là par pur désoeuvrement, oublient qu'ils sont payés, et transforment un endroit habituellement (relativement) silencieux en club social. Il y a aujourd'hui des conversations isolées qui fusent d'un peu partout, et qui traitent de tout et de rien. Mon focus sélectif n'en retient que l'irritation qu'elles me procurent, et au-delà des mots, je ne perçois que les timbres de voix divers et tous aussi agressants les uns que les autres.




Croyez-moi, c'est pire que ce que nous laissait entrevoir Ricky Gervais dans sa cultissime série THE OFFICE. Car en tant qu'étudiant qui est là uniquement pour faire son travail le plus paisiblement possible, et rentrer chez moi une fois que c'est fait, je fais de mon mieux pour passer inaperçu et profiter du peu de tâches que l'on me donne pour, disons, avancer dans mes lectures académiques. Comment pensez-vous que mes collègues réagissent ? Croyez-vous qu'ils respectent mon besoin d'isolement, qu'ils sont assez observateurs pour se rendre compte que je n'ai pas envie de pathétiquement interagir avec eux ? Que je suis plongé dans ma lecture - ou même, en train d'écrire ? Mais non ! Ils s'imaginent que j'ai besoin de leur attention et m'interrompent sans cesse pour me saouler avec leur "small talk" de débiles profonds.

Une des choses qu'ils interrompent, loin d'être académique, est la lecture d'un livre que j'ai découvert cette semaine lors d'une visite impromptue au Indigo en face du bureau : THE GREAT WAR FOR CIVILISATION de Robert Fisk.




Robert Fisk est le correspondant au Moyen-Orient du quotidien britanique THE INDEPENDENT, et possiblement le journaliste de guerre le plus percutant des quarante dernières années. Il a interviewé Osama bin Laden trois fois, et nous avertit aujourd'hui dans le quotidien des signes précurseurs d'une guerre civile imminente au Liban, pays au sujet duquel il a déjà publié le livre Pity the Nation. Je peux d'ores et déjà vous dire que ce livre est difficile à poser. Une fois engendrée, sa lecture est dangereusement prenante. Vous en entendrez sans doute parler davantage dans un futur rapproché car la brique, publiée chez Harper Perennial, pèse exactement 1368 pages.

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Une chaîne de coïncidences inusitées :



J'ai appris, en lisant un article du New York Times sur l'insolite bourgade de Calcata, en Italie, que Gianni Macchia y vivait et y tenait un café Via Garibaldi, le Caffe Kafir. Voilà donc ce que devient ce patibulaire personnage étant apparu dans de nombreux films de Fernando Di Leo ! Ses classiques incluent entre autres VACANZE PER UN MASSACRO, tourné en 1980, avec Joe Dalessandro et Lorraine de Selle.

Lorraine de Selle qui s'accouple dans une verrière avec Giovanni Lombardo Radice dans HOUSE AT THE EDGE OF THE PARK, de Ruggero Deodato, un film que j'ai récemment tenté de visionner avec Miss Bijoux, mais qui l'a révolté au point que nous ne l'avons pas terminé. Tout ça à cause de la mysogynie extrême de l'ensemble, et surtout de la scène où David Hess joue du rasoir sur une jeune vierge nue.

Il est intéressant de noter que j'ai rencontré David Hess en 2000, à la convention "Cult Con" qui réunissait Hess & Deodato pour la première fois depuis 1997. Les deux ont travaillé ensemble à de nombreuses reprises, mais leur première - et plus retentissante - collaboration remonte à 1980. Quant à ma rencontre avec Hess, elle s'est effectuée à Tarrytown NY, dans le lobby d'un hotel bourré de cinéphiles déviants. David était bien content de trouver un public apte à entretenir une conversation avec lui, et nous a appris entre autres, avec sa désinvolture habituelle, qu'il avait jadis composé une chanson pour Elvis.



Nous avons pris une photo ensemble, dans laquelle il m'étrangle avec son air de psychopathe, et elle est aujourd'hui ce que j'ai de plus précieux. Enfin, peut-être pas. Je conserve aussi de cette hallucinante aventure un panneau "Do not Disturb" que j'ai volé directement sur la porte de la chambre de Deodato, alors que des types de Grindhouse Releasing s'y trouvaient avec lui pour enregistrer la piste de commentaires du DVD de CANNIBAL FEROX.

J'espère, messieurs, que personne ne vous a interrompu à cause de moi !

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Au Klub de Nice, le week-end dernier, Sweetlight jouait vendredi et Frank Mueller, a.k.a. Beroshima, jouait samedi. Du côté de Londres, à The End, le label Bugged Out présentait un événement qui durait toute la nuit samedi. Dans la salle principale : Simian Mobile Disco, Erol Alkan & Digitalism. Dans le lounge : JoJo de Freq & Boys Noize.

Hier soir, au Razzmataz de Barcelone, un club de cinq salles, on retrouvait à l'affiche Groove Armada, Jesse Rose, Undo et Cajuan. Ce soir, mon ami Mr. Moto y entendra Ellen Allien & Apparat, entre autres, dans le cadre d'un voyage professionnel.

Une question demeure : où sont ces noms en Amérique du Nord ?! Serions-nous culturellement arriérés ?*

* "Nous" excluant, bien évidemment, l'auteur de ces lignes...

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Mes visionnements en VHS vont bon train, et j'ai récemment retrouvé une copie du film ARACHNID, réalisé par Jack Sholder en 2001. En ayant entendu beaucoup de bien, et sachant que la FANTASTIC FACTORY de Brian Yuzna était derrière, j'ai donc décidé de le visionner. Mon enthousiasme du départ a pourtant fait place assez rapidement à une légère irritation, qui n'a fait que s'amplifier pour finir en crescendo en même temps que le film.



Mettant en vedette une araignée géante, avec des origines occultes - et même, semble-t-il, extra-terrestres ! - et ses aventures pour croquer de l'humain sur une île tropicale du Pacifique Sud, cette oeuvre nous propose de l'invraisemblance par pleines chaudières, ainsi que des performances douteuses et des personnages qui sont fort malheureusement aux limites du cliché. Chris Potter joue les héros, et Alex Reid une femme fatale sauvage, pilote d'avion, avec une "push-up bra" qui rendrait Lara Croft verte de jalousie. Elle est quand même fort jolie, mais il est dommage qu'elle perde son temps de la sorte. Ce qui est moins dommage, c'est qu'un retournement scénaristique complètement débile fait qu'elle doit, à un moment dans le film, enlever sa camisole.

Deux acteurs d'origine espagnole, Neus Asensi et Ravil Isaynov, jouent un couple de scientifiques qui accompagnent une expédition sur l'île, destinée à retrouver des disparus et à identifier une nouvelle espèce - qui se révèle être, vous l'aurez deviné, la grosse araignée en CGI. Le problème est que leur accent est tellement prononcé qu'on ne comprend pas la moitié de ce qu'ils éructent. Quant aux effets spéciaux, ils sont assez lamentables merci.

Mon seul conseil serait donc de vous en tenir le plus loin possible, mais comme je vous connais vous n'allez pas m'écouter et n'en faire qu'à votre tête...

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Ceux d'entre vous qui se considèrent comme des cinéphiles et qui ne connaissent pas Troma sont mal partis. Studio indépendant du New Jersey oeuvrant depuis des lustres, fondé par le truculent trublion Lloyd Kaufman, Troma Films est responsable entre autres de la série des TOXIC AVENGERS, oeuvrettes trash hautement jouissives qui méritent amplement le statut légendaire qu'on leur accorde. Leurs productions ont été, jusqu'à la fin des années '90, des bombes lâchées dans la culture américaine et destinées à faire éclater la rate de tous ceux qui aiment bien la vie.

Ils ont aussi énormément distribué, et pas toujours à leur avantage. A l'exemple d'Eurociné, en France, ils achetaient des films indépendants un peu fauchés pour pas trop cher et leur offraient une nouvelle vie via leur efficace réseau de distribution VHS, puis un peu plus tard DVD.




Tel semble être le cas de SIZZLE BEACH USA, un film d'exploitation sans grande rigueur datant de 1986, qui raconte les péripéties invraisemblables de trois jeunes filles fraîchement débarquées à Malibu, Californie. Le "tagline" du film est évocateur : "Hot sand, hot bodies, hot Costner !" Car oui, Kevin Costner apparaît dans le film sous les traits d'un propriétaire de ranch suffisant qui fréquente une des demoiselles et qui fricote avec un nain conduisant une Stingray bleu acier et ressemblant de façon fort troublante au lutin de Noël de SEINFELD.





Bien entendu, le film n'est qu'un vaste et coûteux prétexte pour exposer divers aspects de l'anatomie des actrices. Et de ce côté-là, ça pétarade ! Il faut dire que les demoiselles sont plutôt jolies et que ça ne fait donc pas trop mal aux yeux, mais il st surprenant de retrouver en leur sain autant de silicone. Mais nous sommes en Californie, après tout, et ça n'est donc guère surprenant !

Le réalisateur, Richard Brander, est un acteur de formation, qui en était alors à ses premières armes. Il est apparu devant la caméra, entre autres, dans HELL'S BLOODY DEVILS, réalisé en 1970 par Al Adamson, dans lequel jouait aussi, invraisemblance suprême, Harland Sanders - LE colonel qui intoxique encore couramment les estomacs courageux avec sa franchise PFK (KFC pour les intimes).



Ce qui est amusant, c'est que tout le film nous mène jusqu'à un insipide concours de chant, qui en est la conclusion, loin d'être fracassante. Comme morale, on a vu mieux. Les personnages agissent sans motifs apparents, et il est hautement amusant de voir tout ça se dérouler sous nos yeux ébahis, mais je dois vous confier que je me suis pris à utiliser la légendaire touche FFWD à quelques reprises lors des scènes d'accouplement. Ma vieille VHS originale, achetée à l'époque où je chassais le trésor chaque week-end, provient d'un "Vidéoclub International" miteux de la rive nord, et repose maintenant en paix au fond d'une boîte destinée à être exportée vers le nord-est de la province pour y commencer une nouvelle existence qui sera, souhaitons-le, moins ingrate que celle qu'elle a souffert entre mes sales mains.

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