A closer look at the pornography of existence

Monday, August 21, 2006

Passé Dans la Souffleuse

J'ai mal à la tête. Résultat d'une brosse un peu expérimentale aux Poppers, Mojo et autres Johnny Bootlegger, calque de celle que Mr. Finances et moi nous étions envoyé à la fin de l'été dernier. On pourrait dire que je n'apprends jamais, mais je préfère vous avouer la vérité : je m'en fous !



Mon copain Jeff Grosse était derrière les tables tournantes hier soir au Balroom, et pas mal tous mes amis étaient assez surpris de me voir débarquer. Ce fut bien plaisant, mais à mon retour à la maison j'étais mort de faim et je me suis mis en tête de lire le MacLean's que je viens de recevoir, ce qui m'a fait me réveiller avec la pire migraine qui soit un peu avant midi. Ma forme est loin d'être optimale mais je suis quand même au bureau, en train d'attendre que suffisamment de temps ne s'écoule pour que je puisse quitter.

Si je survis aux handicapés du volant dont la route est peuplée, je survivrai sans doute aussi à mon lit.

*

Parmi mes innombrables visionnements du week-end - dont vous entendrez probablement parler à profusion au cours de la semaine, bande de veinards - figurait une oeuvre de l'éternel Ruggero Deodato, "Phantom of Death", tournée en 1988, et que je n'avais pas encore vu. Surprenant de ma part, certes, mais pas si surprenant que ça quand on voit la quantité incroyable de VHS qui traînent chez moi.



La jaquette de la VHS, évocatrice, suggérait un film un peu mou, mais rassurant, comme lorsqu'on s'installe dans de confortables pantoufles et que l'on se retrouve en terrain connu. La réalisation de Deodato, sans nous bousculer, nous prend par la main et nous amène faire un tour du côté bourgeois de la société, dans l'entourage immédiat du célèbre pianiste Robert Dominici (Michael Yorke).

Dominici l'a plutôt facile : adulé par ses amis et fans, il semble vivre de son art sans trop de problèmes, a une jolie copine et une amie qui éprouve pour lui un peu plus que de l'amitié (Edwige Fenech). De légères tensions accablent son couple, mais elles seront rapidement réglées quand la jeune fille, après avoir couché avec le meilleur ami de Robert, sera sauvagement trucidée à la sortie d'une gare. Parallèlement, l'inspecteur Datti (Donald Sutherland) enquête sur le meurtre d'une femme médecin ayant cédé à des coups de sabre, et ses pistes l'amèneront à croiser le destin de Dominici, qui ne se sent pas aussi bien qu'il le devrait...



Deodato signe ici une fable fataliste assez agréable à regarder, mais un peu longue. L'idée de base est terrifiante : une maladie dégénérative, qui affecterait surtout les enfants, fait vieillir le corps en "accéléré" et précipite la mort. Seulement Dominici, qui en est atteint, la voit se développer seulement à la fin de sa vingtaine.

Le maquillage qui fait vieillir notre personnage, au fil des semaines, comme s'il était à l'intérieur du miroir de Dorian Gray, est magistralement réussi, d'autant plus que l'on a facilement accès à des photos de Yorke de nos jours, presque ving ans plus tard, et que le vieillissement dont il est victime dans le film est à peu près similaire au passage des années (réelles) sur ses traits. Sympathiques effets spéciaux, donc, qui ne se limitent pas aux maquillages : les mises à mort aussi soudaines que réalistes sont percutantes, et brutales. Geysers de sang et coupures diverses sont au rendez-vous.



Les interprétations sont difficiles à évaluer avec les ravages relatifs du doublage français, mais personne ne vient niveler vers le bas les efforts de l'ensemble. Deodato effectue comme à son habitude un léger caméo, amusant comme tout. Yorke est fort correct, même avec l'épaisse couche de maquillage qui lui recouvre le visage. Donald Pleasance semble toutefois être sur le pilote automatique, faisant appel à quelques clichés dignes de Bud Spencer pour transmettre son désarroi. Edwige semble sous-utilisée et on la voit apparaître de temps à autres, toujours aussi belle, mais mystérieusement pas toujours "mise en valeur". Il ne s'agit certes pas d'une grotesque comédie sexy, d'où la retenue de Ruggero, mais quand même : les fans restent sur leur appétit.

Le titre italien se traduit vaguement par "Un délit peu commun" mais je préfère un des titres de distribution américains, plus imagé : "Off Balance".

*

Factotum, un film de Bent Hamer (réalisateur de Kitchen Stories), vient de prendre l'affiche aux USA vendredi dernier. Où est-il sur nos écrans montréalais ? Nulle part. Malgré la présence de Matt Dillon et le fait qu'il s'agit d'une adaptation d'un roman de Charles Bukowski, aucun distributeur n'a tenu à s'en emparer. Un peu moche, si vous voulez mon avis. Déjà qu'on ne capte pas HBO au Canada, et qu'on ne peut donc pas voir le dernier Spike Lee, un documentaire de quatre heures sur Katrina et son impact sur la Nouvelle-Orléans...

*

Parlant de mocheté, c'est avec une réelle tristesse que j'ai appris hier le décès de Claude Blanchard, à 74 ans. L'article infiniment bref du Métro que j'ai lu ce matin ne stipule pas comment ou de quoi il est mort, mais ça n'a pas beaucoup d'importance, je suppose. Nous venons une fois de plus de perdre un remarquable pillier de la culture populaire québécoise.



Blanchard, un habitué des café-spectacles, des boîtes à chanson et du théâtre burlesque, était depuis la fin des années '80 surtout connu pour sa présence dans de nombreux téléromans ou séries du petit écran québécois - parmi lesquels figurent Virginie, Music Hall, et surtout Omertà - mais a, en 1975, participé à deux films d'exploitation inoubliables : MUSTANG, de Marcel Lefebvre, et GINA, de Denys Arcand.

Dans MUSTANG, il interprétait le rôle de Cossette, qui se plaisait à répéter, chaque fois qu'il présentait l'entrée en scène du cheval maudit, pendant le rodéo : "Mustang, un cheval vicieux et méchant !". Il tenait tête à Willie Lamothe avec sa "face de baveux". GINA, un peu plus controversé, le voyait apparaître dans la peau de Bob Sauvageau, chef de la gang de motoneigistes de son petit village, et instigateur du viol collectif de la belle Céline Lomez, qui lui lançait, d'un air dégoûté, jambes ouvertes : "Next !". Après une chasse à l'homme d'une violence inouïe dans la nuit paisible de la campagne, il tentait d'échapper à sa mort certaine sur son bollide, mais finissait par passer dans la souffleuse municipale, qui recrachait ses morceaux sanguignolents dans un banc de neige en guise d'épilogue.

Blanchard l'a fait, il est maintenant "passé dans la souffleuse". Je ne le croisais pas souvent, en bon médiaphobe que je suis, mais chaque fois que j'apercevais sa bonne bouille de chien fidèle, toute plissée, je ne pouvais m'empêcher de me dire qu'il avait l'air bien sympa malgré ses dehors bourrus. Salut, Claude !

0 Comments:

Post a Comment

<< Home