A closer look at the pornography of existence

Saturday, August 12, 2006

Dispatch de Québec - 2

Encore une belle journée qui tournera sans doute à l’orage, si j’en crois les nuages noirâtres qui s’amoncellent à l’horizon. La tente s’élevant à côté de celle d’où j’écris, inoccupée hier matin, accueille maintenant un vendeur de chaussures qui crie au lieu de parler, syndrôme qui semble affliger une bonne partie de la population locale.

Nous avons passé une nuit effroyable dans notre bed & breakfast. Commencée à minuit dans une tentative désespérée de faire montre d’ un peu d’énergie aujourd’hui, elle fut sans cesse interrompue par un vacarme épisodique, retentissant à toute heure. Dès que je parvenais à me rendormir, on aurait dit qu’un nouveau meuble nous tombait sur la tête. La chambre que nous occupons est située au sous-sol d’une résidence respectable sur Madeleine-de-Verchères, et je ne sais pas qui occupe la pièce située au-dessus; probablement un troupeau d’hippopotames… Je suis quand même parvenu à dormir la plupart du temps, mais il était assez inconvenant de sans cesse voir mes rêves étranges sans cesse interrompus.

Il est encore tombéune pluie subite et violente, hier, en début de soirée. J’étais chargé d’aller chercher des sandwiches au Sultan, sur St-Jean, mon restaurant favori de tout Québec. La faim ambiante augmentait avec les minutes et la pluie ne semblait pas vouloir cesser.

Heureusement que les gens qui entourent le kioske de Miss Bijoux sont sympathiques, car il est assez pénible de devoir passer onze heures d’affilée sous une tente à regarder passer des « matantes ». Le gars à notre droite fait des pantoufles, mitaines & bonnets qui ont l’air infiniment confortables, et passe sa journée à se bercer dans sa chaise. Ne manque que la pipe ! Les deux gars sur notre gauche vendent des tamtams qu’ils fabriquent eux-même, et n’en jouent heureusement pas trop longtemps quand ils s’y mettent.

Il est étrange de se sentir complètement déconnecté du monde extérieur. En effet, les connections wireless gratuites semblent inexistantes en ville, et pour consulter mes courriels, hier, j’ai dû aller boire un café dans un Van Houtte sur Grande-Allée et payer mon « forfait ». J’avais reçu environ 30 000 courriels et il semblerait que la plupart de mes amis ne soient pas des lecteurs très assidus de ce blogue, car tous m’écrivaient comme s’ils s’attendaient à une réponse immédiate.

*

Il ne reste qu’aujourd’hui, comme journée de 11h, et c’est un soulagement. Il y a du saumon au menu, ce midi, et Mr. Finances est supposé arriver un peu plus tard, ce qui me fera sans doute un peu de compagnie.

Je lis, quand je me fatigue de la théorie architecturale, la biographie de Silvia Bourdon que m’a prêté un ami il y a des lustres, L’Amour est une Fête. Histoire de la lui remettre. Et ça s’avère beaucoup plus intéressant que les digressions de Deyan Sujvic sur la monumentalité du Kremlin et les plans d’urbanisme sous Staline. Je suis quand même parvenu à passer à travers le chapitre sur Hitler, qui décrivait interminablement les édifices projetés dans les deux axes principaux de Berlin, qu’il comptait en gros démolir quasi complètement pour la renommer « Germania » et en faire la capitale de son empire nazi.

Bourdon, c’est autre chose. Comment elle en est venue à la porno, ses habitudes orgiaques, son avis sur plusieurs aspects de la sexualité française. Grande gueule, vocabulaire de l’époque – à l’époque de sa rédaction, elle tournait encore régulièrement des pornos – et avis multiples sur tout et sur rien. Ne me demandez pas ce que cette « grognasse » est devenue, mais il est fort amusant de voir comment elle justifie sa copulation maintenant mythique avec un chien. Elle écrit, en substance, qu’elle est allée jusqu’au bout de sa démonstration affective pour la race canine. Inspirant.

*

Il y a des plans de sortie dans l’air pour ce soir, mais reste à savoir si deux facteurs essentiels seront réunis : l’énergie requise chez tous les interpellés, et la présence en ville d’une soirée assez intéressante pour nous accueillir. Nous verrons bien. Les quelques lignes lues dans le Voir Québec hier soir ne laissaient rien présager de bon.

Miss Bijoux demeure hésitante quant à son retour en ville l’an prochain. Elle a eu un début d’exposition assez décevant, même si les choses se sont améliorées hier. Je serais étonné que son bilan final corresponde à son objectif de départ. Reste qu’à cette période de l’année, les expos ne pleuvent pas, et qu’il est probablement préférable pour une artisane de faire « un peu » de fric que de ne pas en faire du tout. Est-ce que ça vaut le déplacement et toute l’énergie investie à tenir debout en souriant derrière son kioske toute la journée ? You tell me !

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