A closer look at the pornography of existence

Friday, August 25, 2006

Embarré Dehors

Il m'arrive d'être assez épais. Prenez hier soir, par exemple. Après une soirée complètement débilitante au bureau, je me suis dépêché de rentrer à la maison en vélo, et en arrivant chez moi j'ai réalisé qu'il me manquait certains ingrédients pour le souper que je projetais de me cuisiner.

J'ai donc posé mon au salon, foutu mon sac par terre, et empoigné mes clés pour sortir. Toutefois, juste avant d'ouvrir la porte, je me suis souvenu des multiples bouteilles de bière vides qui traînaient à la cuisine, et j'ai donc reposé mes clés pour aller les chercher. J'ai retraversé l'appartement en entier, et je suis sorti, tout simplement. Depuis quelques temps nous avons une nouvelle porte qui se ferme et se barre automatiquement dès que l'on sort. Je me suis donc rendu jusqu'à la rue et j'ai réalisé que j'étais en train d'oublier mon porte-feuille.

En faisant volte-face pour aller le chercher, une sirène alarmante a retenti dans ma cervelle et j'ai compris la merde dans laquelle je m'étais foutu : je n'avais même pas amené mes clés !

Avec Miss Bijoux à l'extérieur de la ville et mon propriétaire en vacances jusqu'au 1er septembre, ça me faisait une belle jambe. Je me retrouvais sans porte-feuille, sans clés, sans rien, sur la rue, avec pour seul compagnon mon manteau de cuir. J'ai commencé par marcher jusque chez Mr. Moto, mais il n'était pas là. Une jolie jeune fille que je n'ai pas tout de suite reconnue m'a ouvert la porte. Elle m'a informé que Mr. Moto était à Québec, que son coloc était en camping on ne sait trop où, et qu'elle s'apprêtait à sortir. Elle m'a quand même laissé passer quelques coups de téléphone et me suis rendu chez Mr. Hairdresser.

Je n'ai pas pu sortir le recyclage ce matin...

Il m'a fait une bonne sandwich, et on est allé acheter de la Sapporo pour regarder LES DEUX ANGLAISES ET LE CONTINENT de François Truffaut. J'ai dormi sur le divan et j'ai pris une longue marche pour venir au bureau aujourd'hui. Je me suis nourri toute la journée au BBQ corporatif - drôle de coïncidence ! - et j'en ai ma claque des burgers à moitié cuits. Quand je rentrerai chez moi ce soir, Miss Bijoux sera revenue et je serai soulagé.

*

Parlons-en, de ces DEUX ANGLAISES ET LE CONTINENT ! Truffaut adapte en 1971 un roman de Henri-Pierre Roché dans lequel le beau Claude va passer un été en Angleterre, chez deux soeurs, et où il tombe amoureux de Murielle, la rousse. La narration nasillarde est assurée par Truffaut lui-même, un fait plutôt amusant qui vaut son pesant de cacaouettes.



Toutefois, le "director's cut" dure 2h10 et en paraît trois. On a droit à la valse surannée des sentiments d'un trio, et tout cela est immensément "daté". Lorsque les vues du personnage principal (interprété par un Jean-Pierre Léaud plutôt pincé, mais toujours aussi sympathique) sur l'amour "libre" interviennent dans le paysage, il est déjà trop tard : on a depuis longtemps fait une surdose de jupes longues et de corsets.

Film d'époque poétique et somptueusement filmé, qui suit de près les tourments amoureux de ses protagonistes, LES DEUX ANGLAISES ET LE CONTINENT est bercé comme presque toujours chez Truffaut par la musique de Georges Delerue, qui y tient un petit rôle.



Il est ironique de penser que Truffaut, se fâchant dans les années '60 contre le "cinéma de papa", ait pu tourner quelque chose d'aussi "noble" et intemporel. Le film aurait pu être tourné à n'importe quelle époque tant il est lumineux et universel. Peut-être que ces questions de relations entre anglais et français, séparés par la manche et la barrière du langage, sont intéressantes pour les européens, mais elle m'ont paru un peu fastidieuses, presque autant que la bourgeoisie manifeste des personnages, qui relèguent leurs soucis financiers au premier plan.

C'est donc en face d'un très "beau" film que l'on se retrouve ici, mais on reste déçu que Léaud n'y apparaisse pas dans la peau d'Antoine Doinel, que le sujet ne soit pas "contemporain", et que ça nous paraisse si long !

1 Comments:

Blogger Mongola Batteries said...

On comprend mieux pourquoi Godard se foutait de sa gueule. Il est devenu plus plate que ceux qu'il dénoncait.

3:49 PM

 

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