A closer look at the pornography of existence

Tuesday, September 12, 2006

17 Décembre 1992

Secondaire 3.  Début de mes jours de voyou léger.  Auparavant, j'étais un voyou ultra-léger, coupe "Longueuil" à l'appui, avec une patch de Metallica sur mes jeans et de la rancoeur à n'en plus finir.  Je suis heureux de rapporter que je ne me suis pratiquement jamais rendu au stade de voyou régulier.



D'après mon agenda scolaire de l'époque, récemment retrouvé dans ma collection de souvenirs encombrants et aussitôt jeté au bac de recyclage, j'épellais mon nom "Pier", ce qui dénote probablement une certaine confusion identitaire, ou un refus de me conformer au nom dont mes parents m'ont affublé.  Comme si un nom altéré allait changer quoi que ce soit à qui je suis.

17 décembre 1992, donc.  Voyage scolaire à Trois-Rivières.  On s'en va jouer aux quilles.  Dans un centre d'achats.

Le matin, avant de partir, j'achète mon comprimé d'acide - le premier d'une longue série - à un des voyous de l'école.  Il sort un petit sac dans lequel reposent ce que je crois être les multiples fragments d'une même pillule et me glisse dans la main un morceau minuscule.  C'est ça, mon trip ?!  J'ai de gros doutes quant à l'effet d'une aussi petite chose sur un organisme biologique comme le mien.  Doutes qui ne persisteront pas, bien entendu.  Mais je ne dis rien, j'avale le comprimé, et je me dépêche d'embarquer dans l'autobus qui va nous amener vers le paradis des quilles.



Je me souviens d'un grand magasin avec un département des jouets immense, dans lequel je me suis attardé beaucoup plus longtemps que je ne l'aurais dû.  Je me souviens aussi de ma paranoïa intense : je croyais qu'il était "écrit dans ma face" que j'étais gelé comme une balle, comme le veut l'expression consacrée.

En arrivant dans le salon de quilles, je me suis laissé convaincre de lancer quelques boules, avec mes Doc Martens 21 trous dans les pieds.  Le personnel n'a pas trop apprécié et on m'a assigné des chaussures ridicules - chaussures que je porterais sans doute volontiers aujourd'hui !  Peu importe ce que l'on en dit, les trips d'acide sont toujours assez amusants, mais il est préférable de s'y mettre assez tôt dans la journée, sans quoi on ne dort pas trop bien.

*

Encore un gros week-end derrière moi.  Il me semble ne pas trop avoir exagéré.  Corrigez-moi si je me trompe !  Nous avons pu de visu constater, vendredi au Main Hall, l'effet d'une présence trop fréquente sur une scène aussi petite que celle de Montréal : il n'y avait pas foule au party de Thomas Von Party !  C'était, top chrono, la quatrième fois que je l'entendais en sept jours.  Je suis parti assez tôt avec Mr. Moto qui en avait assez, et je suis allé me coucher.

Le lendemain, après le boulot, je suis allé avec Miss Bijoux manger de l'achigan chez ma mère, et le souper fut tellement excellent qu'on était de retour chez nous de justesse pour recevoir quelques potes pour une beuverie pré-Voyeur.

Du Voyeur lui-même je n'ai pas conservé une foule de souvenirs, et il appert que je ne suis pas le seul, après quelques consultations.  Disons seulement que le set de Roméo Kardec était solide et que celui de Jordan était intense, comme d'habitude, mais que je suis loin d'être en état de dresser une liste des chansons qu'il a joué !!

Dimanche fut un instant de repos ultime, pimenté de quelques repas démesurés et d'un film digne de mention.

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Il arrive que Woody Allen, de temps à autre, nous abreuve d'une oeuvre étonnante, atypique, et dans laquelle il ne joue pas.  Il n'y a qu'à penser à SWEET & LOWDOWN, une savoureuse farce douce-amère sur un personnage fictif fortement inspiré de Django Reinhardt et interprété par Sean Penn.  Ou CELEBRITY.



MATCH POINT surprend.  Tourné à Londres, il semble de prime abord être une observation un peu longuette des relations adultères de la bourgeoisie anglaise.  Peu à peu, cependant, le récit progresse et devient une étrange - et hautement maîtrisée - variation sur CRIMES & MISDEMEANORS.  Le crime parfait existe-t-il ?  Un criminel peut-il rester impuni ?  Est-il possible de vivre paisiblement avec un meurtre gratuit sur la conscience ?  Quel homme sain d'esprit peut résister à Scarlett Johanson ?

Jonathan Rhys-Meyer excelle dans le rôle d'un mari libidineux et tourmenté, et on ne peut pas le blâmer : Johanson, toute en courbes, ferait vraiment exploser n'importe quelle braguette !  Avec sa voix de chambre à coucher et sa féminité difficilement dissimulable, il serait impensable pour le spectateur mâle moyen de se scandaliser devant le manque de fidélité de Rhys-Meyer.



Le ton du film ne tombe jamais dans le tragique et il n'y a pas vraiment de longueurs - chaque scène est ingénieusement imbriquée au récit et a son utilité dans la construction du maître.  La bourgeoisie n'y est pas ridiculisée et Allen semble presque cautionner les agissements de son personnage, qui ne se verrait pas revenir à un train de vie normal si son couple venait à se détériorer.

Je n'ai personnellement jamais détesté un film du sympathique binoclard juif, mais il y en a que j'apprécie davantage que d'autres, et ce MATCH POINT fait partie de la longue liste.

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